Le manager et le syndrome de l’imposteur

L’impression de ne pas être à votre place ? Que le costume est trop grand ? Que vous êtes là pour tout un tas de raison, mais pas pour vos compétences ? . Sans vous en rendre compte, vous vivez peut-être ce qu’on appelle « le syndrome de l’imposteur » ; bonnes nouvelles vous n’êtes pas seul, différentes études estiment entre 20 et 40 % la part des salariés sujets à ce symptôme et le télétravail est venu amplifier ce phénomène. Ce sentiment est encore plus marqué et partagé lorsqu’on évolue vers un poste managérial. Alors de quoi parle-t-on exactement ? En êtes-vous victime et comment le combattre ? On vous dit tout.

Le syndrome de l’imposteur, de quoi parle-t-on ?

Nous n’aborderons pas ici la dimension psychologique de ce ressenti, je ne suis pas psychologue et chacun le perçoit différemment selon son histoire et son contexte. Si le sujet vous intéresse, vous pouvez vous référer aux travaux de Pauline Rose Clance et Suzanne A. Imes deux psychologues américaines qui ont inventé ce concept en 1978. En creusant le sujet, il s’avère que le terme syndrome même est décrié. Ce « sentiment », appelons-le comme cela, d’imposture est à la croisée de l’estime de soi et de la confiance en soi.

Il se caractérise le plus souvent de manière passagère et chez des salariés jeunes dans leurs fonctions par les 3 points suivants

• Mésestime de soi quant à l’origine de sa réussite, ressenti fort d’une situation professionnelle non liée à ses compétences ou à ses qualités professionnelles, mais a des facteurs externes (chance, concours de circonstances, choix par défaut). Ce ressenti bride la prise d’initiative.

• Un ressenti fort de bluff de duperie voir de mensonge auprès de son entourage, professionnel et personnel. Ce ressenti entraîne également l’accumulation de charge de travail parfois même qui ne dépendent pas d’un manager pour compenser. Cela peut être le cas pour des anciens opérationnels qui ont du mal à couper avec le terrain.

• Le ressenti du « passager clandestin » marqué par la crainte d’être démasqué au grand jour et dans le cas d’un manager cela se renforce à la fois vis-à-vis de sa hiérarchie, mais aussi de son équipe. Ce ressenti bride la prise de décision.

Comprendre ce que l’on vit

Le sentiment d’imposture doit vous alerter sur votre degré de confiance en vous du moment. Si vous avez trop souvent le sentiment de ne pas être à la hauteur ou « de ne pas être à votre place » ; je vous invite à analyser votre situation professionnelle.

Le rythme de travail est-il trop soutenu ou à l’inverse l’activité est-elle très calme ?
Connaissez-vous clairement vos missions et celles de votre équipe ? Êtes-vous capable de mesurer son évolution ?

Pourquoi ces questions ? Vous êtes peut-être juste sujet à une surcharge de travail à laquelle vous n’arrivez pas à faire face ou bien encore à un environnement brouillon dans lequel vous manquez de perspective ; ce n’est donc pas vous le problème.

Quelques situations concrètes qui illustrent le sentiment d’imposture

• vous surcompensez en cherchant à tout maîtriser et à tout contrôler
• vous procrastinez
• vous vous comparez systématiquement à d’autres personnes
• la perception des autres sur votre travail est une obsession

4 leviers puissants pour combattre le sentiment d’imposture d’un manager

1) Parlez-en avec votre mentor

Si vous ne l’avez pas encore lu, je vous invite à consulter l’article rédigé sur le mentorat. Même si ça n’est pas la vocation première de ce dispositif il vous permettra de partager sur ce ressenti que beaucoup de managers connaissent ou ont connu.

2) Rappelez-vous vos succès

Vous seriez devenu nul du jour au lendemain… vous vous doutez bien que non. Reprenez le parcours qui vous a permis d’accéder à ce poste de manager, les efforts, les succès. Les compliments sur votre travail. Lorsque vous êtes envahis par ce sentiment d’imposture, contrebalancez le ressenti négatif par des expériences positives, visualisez-les.

3) Fixez-vous des micros objectifs et atteignez-les

La meilleure façon de sortir de cette négativité est de vous mettre en action. Partez de l’adage « Si vous ne pouvez pas faire de grandes choses faites de petites choses grandioses », nourrissez-vous de victoire rapide. C’est-à-dire d’objectifs facials, atteignables rapidement et à impact fort. Cela pourrait être par exemple d’ajuster un processus client qui permettrait de donner des résultats très vite ou encore de retravailler des points d’organisation de l’équipe afin d’améliorer sa productivité. Vous devez pouvoir mesurer l’impact positif de cette transformation en quelques jours et capitaliser dessus. La somme de vos victoires rapide vous fera sortir de ce tunnel de négativité, si vous prenez le temps de les évaluer et de le valoriser vos réussites.

4) Décidez de ne plus vous comparer aux autres managers

Il y a autant de management que de managers. Plutôt que de vous comparer à d’autres managers, inspirez-vous de ce qu’ils font et de comment ils le font. Le « sentiment d’imposture » se nourrit aussi de ces comparaisons, car inconsciemment vous définissez une norme par rapport à laquelle vous vous situez. Mais qu’en pense votre équipe ? N’est-ce pas elle qui devrait définir la norme de ce qui est attendu. Soyez plus orienté vers l’écoute de votre équipe pour cerner leurs besoins. Vous seriez étonné de l’écart énorme qui peut ressortir entre ce qu’on aimerait être et ce que notre équipe attend de nous. Je vous renvoie également à l’article sur la prise de poste après un manager charismatique et adoré par son équipe.

Pour conclure, ce ressenti est une étape normale d’un parcours managérial que chacun vit plus ou moins intensément. Pour autant il se peut aussi que ce soit un sujet plus profond qu’un épisode passager qui renvoie a votre capacité à occuper le poste de manager. Dans tous les cas vous devez objectiver le ressenti, contrebalancer le ressenti par de l’action rapide et enfin en parler.

Vous avez vécu ce sentiment d’imposture, peut-être êtes-vous en train de le vivre ? Partagez avec nous vos ressentis dans la partie commentaire ci-dessous.