Je remplace un manager charismatique et adoré…comment prendre mon poste ?

Vous allez prendre en main votre nouvelle équipe et installer votre management. Déjà, le leadership de votre prédécesseur et les louanges des collaborateurs sur leur ancien manager vous parviennent. « Avec elle on savait où on allait » « il était à l’écoute » « tout le monde se dépassait pour elle dans l’équipe. ». Cette situation est normale, elle fait partie du quotidien des relations humaines. Entre mélancolie, et nostalgie, vous n’échapperez pas au « c’était mieux avant » . Toutefois attention à ce que cette situation de mélancolie managériale ne dure pas dans le temps. Elle pourrait se transformer en rigidité au changement .Pire, en obstacle à votre management. Comment agir ? Comment désamorcer cette situation ?
Comprendre pourquoi l’équipe adorait son ancien manager
Menez votre enquête pour comprendre pourquoi l’équipe adorait son ancien manager. En effet, vous pourriez être surpris. Cela peut tenir au profil charismatique, à l’énergie, à la confiance aux méthodes d’actions mises en œuvre par votre prédécesseur. Dans ce cas, creusez le sujet et n’hésitez pas à en parler avec votre lui. Rien de mieux qu’un partage entre pairs pour affiner sa connaissance de l’équipe. Cela peut aussi tenir à d’autres aspects moins reluisants. Si l’ancien manager était adoré parce qu’il était cool, marrant voir permissif… vous comprendrez mieux la mélancolie exprimée et les pièges à éviter. Vous avez identifié les points sur lesquels vous allez devoir agir et prendre des décisions rapidement.
Mettez-vous dans le costume pas dans les chaussures
En tant que nouveau manager mettez-vous dans le costume, mais pas dans les chaussures de votre prédécesseur. Autrement dit, prenez la fonction, mais restez vous-même .Il y a autant de style de management que de manager. N’oubliez pas que « Le style c’est l’homme » comme le disait
Georges-Louis Leclerc de Buffon (1707-1788). Vous arrivez avec votre projet, votre ambition, mais aussi les objectifs et les attentes de transformation de votre entreprise pour cette équipe. Présentez à l’équipe vos valeurs, votre style de management et ce que j’appelle vos lignes rouges. Il s’agit des choses que vous n’accepterez pas cela peut être certains comportements, propos ou des situations professionnelles. N’essayez pas d’être quelqu’un d’autre ou pire d’être une copie de votre prédécesseur.
Une nécessaire période d’observation
C’est un impératif. Vous devez prendre ce temps pour comprendre votre nouvel environnement. Vous pouvez l’acter auprès de l’équipe par contre veillez bien à lui donner une durée, généralement de 15 jours à un mois maximum. Cette période d’observation constitue une transition douce pour vous et l’équipe. Elle permet d’infuser vos principes et valeurs, mais aussi à l’équipe de mieux vous connaître. La période d’observation partagée avec l’équipe agit comme un signal qui consiste à dire « je remets les pendules à zéro ». Elle acte donc un nouveau départ qui facilite la transition avec un nouveau manager.
Le droit d’inventaire
Vous récupérez une équipe. Désormais c’est votre responsabilité qui est engagée. Vous avez dans le cadre de la période d’observation également à mener un point de situation sur l’équipe que vous récupérez. État des lieux des compétences, contribution individuelle, situation RH, avancé des projets. Là aussi, soyez transparent sur cet exercice. Vous pouvez partager ce bilan avec l’équipe individuellement ou collectivement. Cela actera aussi le cap que vous souhaitez impulser et donc le changement.
Occupez le terrain
La meilleure façon de faire oublier votre prédécesseur est d’occuper le terrain. Soyez en proximité .Dans les premières semaines, vous devez avoir eu le temps d’échanger individuellement avec chacun de vos collaborateurs. Cela vous permettra aussi de repérer les plus concernés par cette nostalgie du chef. Soyez aussi réactifs aux sollicitations pour ne pas laisser de place à la comparaison. Profitez-en pour sonder l’équipe sur ce qu’il faut améliorer ou faire évoluer, en les associant aux réflexions vous créez rapidement un lien qui facilitera la transition.
Actez la rupture
La petite musique du « c’était mieux avant » vous revient trop souvent aux oreilles ? Vous devez acter la rupture. Il peut y avoir derrière cette nostalgie une réticence aux changements que vous souhaitez impulser. N’en faites surtout pas un sujet de personne, l’ancien manager n’y est pour rien. Par contre vous devez traiter chaque référence à une période antérieure à votre présence de manière directe. Saluez la qualité de votre prédécesseur si elle est avérée, mais renvoyez le ou la nostalgique à ses attendues professionnelles et aux écarts que vous observez le concernant.
Soyez attentifs aux signaux faibles
Si la nostalgie perdure, vous devez aussi pouvoir identifier s’il ne s’agit pas de signaux faibles d’une démobilisation de l’équipe. Dans ce cas de figure, vous devez comprendre les ressorts de cette nostalgie. Ils peuvent relever d’une perte de repère, de sens. Interrogez-vous sur le rythme des transformations que vous impulsez. Peut-être y allez-vous trop vite, trop fort. L’équipe n’arrive pas à suivre. Dans tous les cas si cette situation perdure vous devez instaurer un dialogue autour de votre conduite du changement pour comprendre ce qui pose problème derrière cette mélancolie et adapter votre stratégie en conséquence.
3 fausses bonnes idées pour faire oublier votre prédécesseur
Fausse bonne idée numéro 1 : Tuer le père
Qu’il soit bon ou mauvais, ne dévalorisez jamais votre prédécesseur, pointez des défaillances factuelles, mais jamais des personnes. Si les liens avec l’équipe étaient très forts vous risquez de braquer l’équipe voir de créer du désengagement.
Fausse bonne idée numéro 2 : Demander l’adoubement de l’ancien manager
Et pourquoi ne pas s’appuyer sur l’ancien manager pour me faire accepter par l’équipe ? Très mauvaise idée votre personnalité est indissociable de votre management vous êtes à ce poste, car vous avez une légitimité managériale à vous maintenant de gagner en crédibilité. Demander l’adoubement de votre prédécesseur vous placerez en situation de faiblesse dès le départ. Rien ne vous empêche de réaliser un passage de relais par contre au cours duquel vous pourriez partager des questionnements sur l’équipe.
Fausse bonne idée numéro 3 : Tout faire comme votre prédécesseur
Si l’équipe adorait l’ancien manager, pourquoi ne pas tout faire comme lui ? Après tout, si cela fonctionnait pourquoi changer des choses ? Le statu quo s’il peut être confortable et rassurant pour l’équipe au démarrage vous empêche aussi de bénéficier de l’effet de nouveauté et donc d’entraînement que constitue votre arrivée. Vous vous priveriez d’un puissant levier de mobilisation. Manager c’est aussi apporter son identité, sa vision, ses idées, son ambition vous y perdraient un peu de votre âme de manager.
En conclusion, soyez vous-mêmes, soyez authentiques. Aussi charismatique et adoré qu’il ait été votre prédécesseur est probablement passé par les mêmes étapes que vous.
Et vous , comment avez vous géré votre prise de poste dans ce type de situation ? N’hésitez pas à partager votre expérience dans la partie commentaire.